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Un tiers-lieu artistique pour la ville de Saint-Nazaire

Les Abeilles : art, tourisme et essaimage

Le hasard, si tant est qu’il existe, fait bien les choses. C’est dans ce bâtiment situé 3 rue de l’écluse, dans le quartier du Petit Maroc que Laetitia Cordier loge lors de sa première visite à Saint-Nazaire, en 2011. C’était dans le cadre de l’étude prospective, ‘Saint-Nazaire 2030’. Les Abeilles servent alors de QG pour l’équipe professionnelle missionnée par la Mairie de l’époque. En novembre 2012, le projet s’achève, chacun reprend son chemin, et la bâtisse se retrouve de nouveau inoccupée.

Puis en 2016, la nouvelle Mairie entreprend de la vendre via un appel à projets. A ce moment là, Laetitia Cordier œuvre déjà sur un autre chantier artistique à Saint-Nazaire, celui du Garage. Le Garage, comme son nom l’indique, était anciennement dédié aux réparations automobiles. En 2015, Frank Hamon le rachète pour en faire un lieu de création en plein centre-ville, offrant aux artistes et artisans nazairiens des ateliers et bureaux aux loyers accessibles. Frank Hamon et Laetitia Cordier décident de répondre ensemble à l’appel concernant Les Abeilles. Un dossier retenu, quelques saisons et beaucoup de travaux plus tard, Laëtitia emménage de nouveau — et cette fois-ci pour de bon — dans ce lieu qui avait accueilli ses débuts nazairiens.

 

Une entreprise touristico-artistique

L’appel à projet lancé par la Mairie pour reprendre les Abeilles était clair : la priorité serait donnée aux initiatives proposant des logements touristiques. « En écrivant le dossier ensemble, on s’est vite rendu compte que l’aspect touristique, l’hébergement, pouvait devenir le poumon économique qui ferait vivre le projet artistique. » Cette contrainte de départ s’avère motrice voire essentielle : sans hébergement, pas ou peu de fonds pour les activités artistiques. A l’instar des entreprises sociales outre-Atlantique, Les Abeilles combinent ainsi une activité à but lucratif — les logements touristiques — avec une offre sans but lucratif — les futures résidences et activités artistiques. La complexité juridique de ce projet hybride, conduit les deux acteurs à opter pour l’association loi 1901. Les statuts sont déposés, l’aventure peut commencer.

Saint-Nazaire
Photo credits ©LesAbeilles

Créer un tiers-lieu touristico-artistique n’est pas une mince affaire. « On a fait beaucoup de travaux nous-même, confie Laëtitia Cordier. Frank [Hamon] s’est chargé de la mise aux normes du bâtiment et moi de l’aménagement. » Les responsabilités sont réparties entre le binôme : Frank est propriétaire du bâtiment, Laëtitia est gestionnaire et lui loue la totalité du lieu.

Après avoir accueilli des saisonniers, les techniciens du festival Les Escales, des familles à vélo et des jeunes start-upers, Les Abeilles hébergent en ce moment deux lycéennes du Lycée Expérimental, une professeure, un travailleur d’Airbus et des menuisiers en mission sur Saint-Nazaire. Les chambres encore disponibles sont consultables sur Air BnB et les résidents sont amenés à se renouveler fréquemment.

 

Et la suite ?

Ce ne sont pas les idées qui manquent à Laëtitia Cordier pour animer cet espace. En novembre, pour la première inauguration du bâtiment dédié à l’hébergement, et afin d’annoncer le lancement de la  transformation du hangar en lieu de croisement culturel et artistique, une rencontre de plusieurs artistes sur le thème de “l’accueil” est prévue. Des artistes locaux sont attendus comme Marc Picavez ou Frida Ferchaux, et d’autres venus de Rennes, Cholet et même Paris.

Saint-Nazaire
Photo credits ©LesAbeilles

Les Abeilles seront un lieu de pollinisations croisées où des artistes partageront l’espace avec des professionnels d’autres secteurs, tels le vélo, la permaculture ou le soin, mais aussi avec les habitants « non-artistes » de Saint-Nazaire. Ces rencontres avec les nazairiens seront possibles grâce à l’ouverture du hangar en 2018, après une mise aux normes ERP. Laëtitia Cordier souhaite notamment que le lieu accueille un café, pour que les habitants du coin puissent venir s’installer avec un livre, travailler, siroter une boisson chaude tout en étant en présence d’artistes. « J’ai longtemps fréquenté le studio Harmonic à Paris, une école de danse où les gens peuvent venir boire un café et regarder les danseurs s’entrainer dans des salles complètement vitrées, puis repartir comme ils étaient venus. C’est un espace comme celui-ci que je souhaite créer, un lieu qui permette aux regards de se rencontrer, et où le geste artistique croise le geste quotidien. »

 

Récemment, lors de la Digital Week, Les Abeilles ont fait circuler un fauteuil bleu dans lequel des habitants de la ville et d’ailleurs étaient invités à s’asseoir et à raconter leur rapport avec cette ville portuaire. Puis l’association Les Pieds dans le Paf a pu y organiser une soirée projection/débat autour des médias. Bientôt l’association À Vos Soins, et leur projet “Les Marsoins”, y installeront leur bureau. Donner une chance aux habitants et associations locales de s’approprier l’espace, de redéfinir la ville et créer de nouveaux points de rencontre, voilà un projet longuement attendu. Même si la première inauguration officielle n’est prévue que pour le mois prochain, Les Abeilles bourdonnent déjà depuis un bon moment.

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